Âgisme: les compétences sont là, mais l’âge dérange

Imaginez Claire, 52 ans, elle a derrière elle une longue carrière ponctuée de succès dans son
domaine. Désireuse de changer d’environnement après une expérience professionnelle
insatisfaisante, elle pense qu’avec son parcours, trouver un poste à la hauteur de ses compétences ne
sera qu’une formalité. Pourtant, dès son premier entretien, voici ce qu’on lui dit :
« Vous êtes trop vieille pour ce poste. »

Cette situation est peut-être fictive… mais elle est réaliste. En 2023, un Eurobaromètre indiquait que
50 % des Européens estimaient que la discrimination fondée sur l’âge était très répandue dans leur
pays

Ce phénomène, on l’appelle « l’âgisme », il désigne les discriminations, stéréotypes ou
comportements hostiles fondés sur l’âge, qu’ils visent les personnes âgées, les jeunes, ou même les
enfants. On peut être écarté car jugé « trop vieux » mais c’est aussi le cas pour la jeunesse. L’âgisme touche
toutes les générations.

Selon une étude publiée en 2023 (Is there Ageism in the European Workforce?, Totalent), 17 % des personnes de plus de 50 ans déclarent avoir été victimes de discrimination liée à l’âge. Mais 13 % des moins de 30 ans affirment également en avoir souffert. Trop vieux, trop jeune,
jamais au bon âge… Voilà ce que sous-entend l’âgisme.

L’âgisme se manifeste dans de nombreux domaines de la vie quotidienne.
Dans le monde du travail, il peut prendre la forme de licenciements liés à l’âge ou de recrutements
biaisés où les jeunes sont jugés « inexpérimentés » et les seniors « dépassés ». Dans la société et les médias, les représentations stéréotypées des personnes âgées comme celles des jeunes sont omniprésentes.Les jeunes sont réduits à leur immaturité et les personnes âgées à leur dépendance. Et dans le domaine de la santé, cela se traduit par une sous-considération des plaintes des patients âgés, qui se
retrouvent parfois discriminés dans l’accès aux soins, notamment en EHPAD ou à l’hôpital.

Ces discriminations ont des conséquences graves, en particulier sur la santé mentale : perte d’estime
de soi, isolement social, anxiété. Elles peuvent également engendrer des difficultés économiques,
renforcer le sentiment d’exclusion, et représenter un gaspillage de compétences pour la société.
Malheureusement, on en parle trop peu: l’âgisme est largement sous-estimé car il est souvent
intériorisé par les victimes elles-mêmes. De plus certaines formes sont perçues comme « normales »
ou « inoffensives » (ex. : blagues sur les vieux ou sur la “gen Z”).

L’âgisme est une discrimination mais il est banalisé alors qu’il ne devrait pas l’être. Il nous
concerne tous car chacun vieillira ou est déjà confronté aux préjugés liés à son âge. Nous devons
remettre l’âge à sa place, ce n’est ni une faiblesse ni un privilège, c’est une réalité que nous
partageons tous.

L’équipe Divrsitee